L'ARBRE À PALABRES, Sagesse & beauté

ET QU’ATTENDS-TU POUR LE DEVENIR ?

« Ce monde de lumière dont j’ai rêvé n’est-il donc nulle part ? Partout j’ai cherché ces compagnons de route, ces êtres de lumière, je n’ai trouvé plus ou moins que des névrosés semblables à moi… Où est cet être debout ? Où sont-ils ? A quels signes les reconnaitrai-je ?  » Si je décris dans mon cœur l’un après l’autre ces signes infaillibles, voilà que je commence d’esquisser une réalité, de consteller un champ. Et soudain la voix à mon oreille : « Et qu’attends-tu pour le devenir, Celui que tu attends ? » Silence des galaxies… Et voilà que tout devient en moi silence. La folie du défi me rend muet. « Les gens me disent d’être sage mais Toi, Tu me dis d’être fou ! » (prière de Charles de Foucauld). L’impossibilité de la tâche est évidente… Là se produit une rupture, ce glissement vers un autre stade, vers l’impossible, l’impensable, l’insensé !

Je dois me mettre en marche, tout tenter, créer le lieu qui n’existe pas. Où que je sois en cet instant, le lieu devient makom* et non pas « non-lieu ». Partout où l’homme rencontre l’impensable, l’inconcevable, l’inimaginable, la foudre frappe, quelque chose commence. C’est le début d’une histoire d’amour, c’est à dire d’une histoire de fou.

Je dois me mettre en marche, sachant que comme tous ceux qui m’ont précédée, je n’arriverai nulle part, que comme tous ceux qui sont partis avant moi, j’échouerai, que je vais vers ma défaite certaine et que pourtant – silence des galaxies – tout cela n’est pas le moins du monde triste. Personne n’exige de moi que je réussisse, mais seulement que je franchisse un pas en direction de la lumière. L’important n’est pas que je porte le flambeau jusqu’au bout, mais que je ne le laisse pas s’éteindre. »

Christiane Singer
Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?

 

 

* terme hébraïque – lieu de rencontre entre l’homme et Dieu

 


 

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