L'ARBRE À PALABRES Sagesse & beauté

LA PERCEPTION


Celui qui voit une chose de manière totale, qui perçoit la globalité de la vie, est forcément en dehors du temps, c’est une évidence.
Si nous comprenons cette chose-là, alors nous comprendrons la routine du quotidien, l’ennui et les souffrances qui nous assaillent, les peurs et les angoisses qui nous donnent la nausée…

Ayant épuisé toutes les possibilités pour trouver la réponse, l’esprit devient spontanément silencieux.

Alors est une conscience lucide, une conscience qui ne choisit rien, n’exige rien, une conscience d’où toute angoisse est absente ; et dans cet état d’esprit est la perception.

Seule cette perception saura résoudre tous nos problèmes.

C’est dans la souffrance elle-même – non dans la fuite devant elle – que se réalise la fin de toute souffrance.

S’écarter de la souffrance n’est rien d’autre que vouloir trouver une réponse, une conclusion, une échappatoire ; mais la souffrance continue.

Alors que si vous lui accordez tout votre être, vous verrez alors qu’il y a une perception n’impliquant ni le temps, ni l’effort, ni le moindre conflit ; c’est cette perception immédiate, cette conscience sans choix, qui met fin à la souffrance.

L’esprit qui est libéré de quelque chose n’est pas un esprit libre ; sa liberté, qui existe en fonction de quelque chose, n’est qu’une réaction ; ce n’est pas la liberté.
L’esprit qui est à la recherche de la liberté n’est jamais libre.

Mais il est libre dès qu’il comprend le fait, tel qu’il est, sans le traduire, le condamner, ni le juger ; et parce qu’il est libre, cet esprit est innocent…

Tout le problème, assurément, consiste à libérer l’esprit de façon absolue, de sorte qu’il soit dans un état de perception sans frontières, sans limites.
Et comment l’esprit peut-il découvrir cet état ? Comment peut-il parvenir à cette liberté ?

Quand l’esprit sait percevoir sans la moindre fébrilité, alors il est capable de voir jusqu’au plus profond de lui-même ; et cette perception échappe à toute notion de temps.
Il n’y a rien à faire de spécial pour la susciter ; il n’existe ni discipline, ni pratique, ni méthode qui permette d’apprendre à percevoir de cette façon-là.

Seul l’esprit innocent – l’esprit qui, tout ayant une vaste expérience de la vie, est en même temps vierge de tout savoir, de toute expérience -, seul un tel esprit peut découvrir cette chose qui est plus que le cerveau et l’esprit.

J. Krishnamurti
In Le livre de la méditation et de la vie