L'ARBRE À PALABRES Santé & psycho

L’EMPATHIE EST POLITIQUE (ET N’EST PAS TOUJOURS CE QUE L’ON CROIT)

France Culture, La Transition de la semaine, 12 octobre 2024
L’empathie : plus qu’une valeur morale ?

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Quotidien de Yann Barthès, 30 septembre 2024
L’empathie n’est pas naturelle, elle est politique

Pour aller plus loin :
Samah Karaki : « Il n’y a pas nécessairement de lien entre l’empathie et l’action altruiste » ou quand « L’autre devient juste un instrument pour vivre le monde intensément » 
Usbek & Rica, 8 octobre 2024


Selon le dictionnaire, l’empathie est la capacité de s’identifier à autrui dans ce qu’il ressent. Mais est-ce aussi simple ? L’empathie, vue comme une valeur morale de qualité, n’est-elle pas influencée par une diversité de facteurs qui nous rendrait… peu empathiques ?

Avec Samah Karaki, neuroscientifique franco-libanaise, c’est à cette question que tente de répondre la neuroscientifique Samah Karaki dans son dernier essai : « L’empathie est politique ».

Peut-on se fier à l’empathie ?

Selon la neuroscientifique Samah Karaki, l’empathie n’est pas fiable, car elle est réservée aux personnes qui nous sont proches. « On marginalise en quelque sorte de sa sphère les personnes que nous considérons étrangères, lointaines, qui ne partagent pas un lieu géographique, une culture, donc ce qu’on appelle en journalisme le biais kilomètre émotion. Plus les personnes souffrent à distance de nous et moins, on a d’intérêt pour leur souffrance » Nous serions donc « biaisés par les informations qui nous proviennent de la souffrance de l’autre« .

L’empathie soumise à la hiérarchie sociale ?

Mais l’empathie n’est pas qu’une question de proximité, mais aussi de hiérarchie sociale, selon Samah Karaki : « quelque chose qui arrive à des minorités racisées en France va moins toucher que ce qui arrive à des réfugiés blancs qui arrivent de notre parti. Il y a une sédimentation des discriminations raciales. Donc la proximité ne suffit pas pour justifier qu’on s’intéresse plus au sort de quelques-uns et de quelques-unes, il faut rajouter aussi le fait qu’on considère que les autres sont inférieurs à soi.« 

 

Pour aller plus loin :
Samah Karaki,
L’empathie est politique. Comment les normes sociales façonnent la biologie des sentiments

Ed Claude Lattès, 2024