« Peuple de Thèbes, je suis le plus grand défi jamais lancé à la face de l’humanité. Tu t’es laissé prendre au piège des habitudes, comme tous les mortels. Tu révères l’ordre et la rigueur, qui sont certes indispensables pour vivre en paix au sein de la cité mais tu refoules la part d’étrangeté qui t’inquiète et qui pourtant croît au fond de toi.
Moi je suis l’Autre, l’étranger, le différent.
Et je suis venu vous révéler cette part obscur qui est en vous.
Si vous la rejetez comme vous m’avez rejeté hors de vos murs, alors vous serez perdus comme le fut l’orgueilleux Penthée.
Mais si vous acceptez ces forces sauvages, si vous les intégrez au lieu de les brider, alors vous serez sauvés.
Zeus m’envoie t’apprendre que la véritable folie n’est pas celle que l’on croit.
Ce qui est folie, c’est de vouloir une cité parfaitement vertueuse, parfaitement rationnelle.
Seuls les dieux touchent à cette perfection.
Vous autres mortels, gardez vous de ces deux excès : n’admettre que la raison, n’exclure que la raison.
Fait bon accueil à la raison mais acceptez aussi la part d’imprévu et d’inattendu qui, de prime abord vous dérange.
C’est à cette condition que vous serez libres. »
____Dionysos, Les Bacchantes d’Euripide