L'ARBRE À PALABRES Sagesse & beauté

IL Y A DEUX IMPÉRATIFS POUR L’ARTISTE

Il y a deux impératifs pour l’artiste, c’est l’incarnation de son art et la sincérité.

Si l’art est profondément lié à son existence et que l’artiste est de plus sincère dans sa démarche esthétique face au monde, à son public, à ses fidèles, à ses dieux, alors, la vie se chargera de le remettre en cause, dans sa recherche d’équilibre et d’harmonie. Il devra sans cesse prendre le risque de la chute pour avancer.

L’artiste qui dit aimer le risque, se remettre en question pour fuir l’ennui, pour trouver de nouvelles formes, de nouveaux défis, parle comme une coquille vide. S’il éprouve ce besoin, c’est qu’il n’a pas mis son âme en plein vent. Sinon, il serait sans cesse ébranlé par une forte tempête et son seul désir serait de trouver l’équilibre pour atteindre son but. On désire si fort, l’appel de la passion est si puissant, si irrésistible, qu’on tente de traverser le monde mais ce qu’on recherche dans cette fureur qui nous bouleverse les sens, c’est l’harmonie. L’amoureux est en danger, par définition, la beauté en elle-même, dans sa pureté, est un péril. Ce risque, c’est son prix. Cette petite fleur rose et mauve que j’ai trouvée, à mes pieds, entre deux pierres, dans un désert minéral jordanien, l’alezan de Memed le Faucon (Ince Memed) qui traverse un torrent de montagne, la mouette entre les déferlantes de la côte sauvage, ne décident pas soudain de se remettre en cause pour lutter contre l’ennui. Ils luttent pour avancer, survivre, parfois à contre-courant, contre le vent, si l’être aimé est sur la rive opposée. Mais cette lutte est source de fierté et de jouissance et le spectacle qu’ils donnent en partage au monde est un cadeau pour nous tous.

Titi Robin

 


Photo:
Gulabi (Gulabo) Sapera par le photographe Louis Yves Vincent (Qu’il repose en paix)