L'ARBRE À PALABRES, Nature, écologie & société, Sagesse & beauté

IL Y A EU UNE BRÈCHE…


Il y a eu une brèche…

Une brèche dans nos vies.

Et demain nous ressortons… presque libres. Sans nos laisser-passer….
Demain la bride se desserre… un peu. Elle laisse des marques.

Nous avons en commun d’avoir vécu l’arrêt du monde. Et nous savons désormais que tout peut être fort différent…

Le rythme des journées, la couleur de l’eau, la valeur d’un baiser, le silence dans le ciel… Nos priorités.

Il y a eu une brèche et certains, et certaines ont plongé. Redécouvrant l’odeur de leurs enfants, le goût de leur mari, le simple bonheur de faire son pain ou de ne rien faire du tout.

Il y a eu une brèche et certains s’en sont saisis… pour faire les extérieurs… ou plonger, au-dedans.
Peut-être y’en a-t-il, parmi ceux-là même qui redoutaient cette trêve imposée… peut-être y’en a-t-il, que l’idée même de tout recommencer fait trembler. Peut-être y’en a-t-il qui n’ont plus envie, qui ont perdu le fil ?

Peut-être même sommes-nous plus de mille ?

Demain je te verrai dans la rue et tous les deux, quand nos regards se croiseront nous saurons que nous sommes en train de recommencer la vie que l’on se veut… pour nous, pour nos aînés, pour nos enfants.

Durant ces quelques semaines, nous avons été tirés du côté des essentiels…
Peut-être y’a-t-il quelque chose à gratter de ce côté-là…? Une sorte de flambeau pour guider nos choix dans le chantier qui nous attend… Les essentiels… Quels sont-ils ? Ce si peu de choses qu’il nous faut pour vivre bien et heureux pour de vrai, sans tout mettre à sac.
Ces couleurs primaires qui, au-delà des nuances individuelles, nous réunissent tous.

Quels sont nos essentiels?

Et quelles sont toutes ces autres choses qui s’entassent dans nos vies et nous font perdre trace de ce chemin si court qui mène de nos orteils jusqu’aux simples bonheurs.

Ce soir une discussion animée autour du possible moratoire en France sur les normes environnementales pour permettre à l’économie de reprendre au plus vite, au plus fort… Quelqu’un lâche un « si c’est ça on va dans le mur »…

Nohim attrape la discussion au vol, son visage se ferme, il ne dit rien. Au moment du coucher il demande si on irait quand même dans le mur si tous les autres pays ne faisaient pas comme la France avec ce moratoire.
Dans sa question il y a comme la conscience qu’on y va, quoiqu’il en soit. Mais il a 10 ans et il a probablement besoin d’entendre que ce n’est pas la seule option. Il a probablement besoin d’autre chose qu’un mur comme destination.

J’ai la gorge qui se noue. Je pense à demain. A la manière de tout recommencer. A quels sont ces essentiels, ces flambeaux pour me guider dans le chantier qui nous attend. Chantier participatif. Chantier de déconstruction. Chantier qui ouvre des brèches dans le Mur… Pour que nos enfants s’y glissent.

Benoît Leibzig
11.05.2020


 

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