L'ARBRE À PALABRES, Sagesse & beauté

INTIMITÉ

« Quand on fait de la méditation sans but ni profit, le fait de faire de la méditation sans poursuivre un but, n’est-ce pas un but en soi?

Non.
Le fait de vous asseoir le matin, c’est une émotion qui vient du sommeil profond. C’est votre état de sommeil profond qui vous incline naturellement à vous asseoir en silence le matin. C’est complètement naturel. Ce n’est pas de la concentration. Il ne s’agit pas de matraquer certains objets à l’exclusion d’un seul. La méditation, c’est ce pressentiment profond de l’autonomie. Ce n’est pas une activité dans laquelle on entre pour en sortir. Le matin, sciemment, vous rendez votre corps et votre psychisme disponibles à ce pressentiment qui conservera sa saveur dans toutes les activités de la journée. Le matin est un moment favorable, très tôt, le monde profane est encore endormi. Avant que les oiseaux chantent, avant que les gens fassent des affaires, il y a une très grande joie à être conscient. Vous n’êtes pas seul. Il y a tout un monde qui est conscient à ce moment-là. Du point de vue de cette ouverture, vous vous situez consciemment dans l’écoute qui vous permet de garder l’essence pressentie dans la nuit. Vous entendez les premières voitures, les premières portes qui claquent, les oiseaux qui chantent. Lentement, le monde sort et vous conservez l’essence du non-manifesté dans toutes les manifestations du jour. Vous fermez les yeux dans la nuit, vous sentez le Soleil en vous. Quand vous ouvrez les yeux, le monde et vous, avec encore le relent de la nuit, de ce qui est uniforme, de cette unité qu’on porte en soi. C’est un moment de très grande intimité. Il ne faut pas en faire une technique. Ce n’est pas un moyen. C’est ce qu’il y a de plus gratuit. »

Eric Baret,
in « A moitié sage »
de Colette Chabot, 1997

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