L'ARBRE À PALABRES Nature, écologie & société Sagesse & beauté

J’AIMERAIS TANT


De ce moment, j’aimerais tant qu’on conserve cette idée que, pour nous protéger les uns et les autres, nous avons été capables de changer nos modes de vie.

Que nous avons été capables de reconsidérer nos priorités, au-delà de nos égoïsmes, pour empêcher que d’autres que nous meurent.

Que nous avons redécouvert des capacités à créer de la solidarité, de l’autonomie, de l’entraide; que nous nous sommes remis à écouter les problèmes des autres, juste à nos portes, et que nous avons souvent tenté d’y trouver des solutions.

Que nous avons un peu moins emmerdé le vivant en polluant moins directement, et peut-être aussi en consommant moins de choses rigoureusement surnuméraires, car nous avions besoin d’économiser.

J’aimerais qu’on se souvienne, après tout ça, de cette jolie gifle que la nature a porté à notre visage pour nous faire oublier la course à la compétitivité, à la croissance, à l’individualisme pour nous remettre les pieds profondément dans la terre et nous dire « tu fais partie de l’écosystème dans lequel tu vis », nous rappelant ainsi le niveau de notre vulnérabilité.

J’aimerais qu’on se souvienne que nous avons été capables, en un battement de cils, de faire à peu près ce que tous les experts nous demandent pour réduire la catastrophe climatique et l’érosion de la biodiversité, mais ne faisions pas à l’échelle des Etats.

J’aimerais qu’on s’en sorte grandis, plus sages, plus forts et plus solidaires. Plus humbles, aussi, après qu’un minuscule virus nous ait démontré qu’il pouvait nous faire tomber du sommet de la pyramide qu’on croyait éternellement pouvoir occuper.

J’aimerais qu’après ça on vive, bienveillants et heureux, justes, comme s’il en avait toujours été ainsi.

Eric Lenoir
20.03.2020


Publication originale : https://www.facebook.com/ericlenoir.paysagiste.7/posts/2483732945209650
Photo: sculpture de Christian Lapie au Domaine de Chaumont-sur-Loire