« Médit-action »
Un mot qui est composé de trois termes différents et inséparables.
La méditation, l’action et le tiret qui les unit.
Le ternaire en fait un mot vivant, capable de signifier l’alternance et l’union des contraires, du mouvement et du repos, du manifesté et du non manifesté, du recueillement et de l’action, de l’agir et du non agir.
Il n’y a pas d’un côté la méditation, le repos, le retour au non manifesté, à la non pensée, à l’unité etc. et de l’autre, le mouvement, le manifesté, la pensée etc. mais un continuum, un troisième terme qui contient la méditation et l’action, un espace qui contient le ciel (l’invisible) et la terre (le visible), la matière et l’esprit distincts mais non séparés.
Ce continuum, c’est l’évidence insaisissable de l’Infini, l’infini qui n’a pas de contraire: toutes les formes ou les finitudes lui sont consubstantielles. Il n’y a pas le fini et l’infini, le fini fait partie de l’infini: même si celui-ci se perçoit ou s’éprouve comme distinct ou séparé.
La méditation et l’action sont deux manifestations, deux alternances de l’infini qui ne brisent jamais son unité. La conscience de cette unité, de ce continuum est la médit-action. Le trait d’union entre méditation et action symbolise le troisième terme, toujours insaisissable qui fait le deux : un et l’un : deux.
La méditation et l’action sont un (Marthe et Marie sont sœurs, deux yeux d’un même regard).
La méditation est plus « agissante» que l’action (par « le non agir il n’est rien qui ne se fasse ») : Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée,
Le silence ne peut pas nous être enlevé quelques soient les paroles ou les bruits qui l’agitent.
Si nous « sommes» dans l’acte pur qu’est la médit-action, nous découvrons cette évidence éblouissante: rien n’est séparé, rien n’est mélangé.
Tout est « Vie-Conscience-Amour »
Jean Yves Leloup,
in L’Art du Saule, Pour un Anthropocène Eclairé