CHRONIQUES, LETTRE D'INFO MENSUELLE

NOUVELLES DE LA TRAVERSÉE


| AVRIL 2020 |

Bien chères, bien chers,

Que dire, d’intelligent, d’utile, de réconfortant, au milieu de cette expérience virale si bouleversante pour tant d’entre nous. Pour ceux qui ont perdu leur travail, un proche, leur revenu, leur accès aux soins ou au peu de lien social qu’il leur restait.

Le 12 mars dernier, j’étais sur le point de vous envoyer des nouvelles, de jolies nouvelles. Malgré tout. Et puis il y a eu le choc, la stupeur, les convois militaires funéraires, la douleur, la tristesse, l’inquiétude, le vide, comme une sorte d’apnée, pour ne pas boire la tasse….. Et puis la vague est passée, l’air et le soleil sont réapparus, les moments de tendresse, de joie, d’amour retrouvés, de ciel bleu. Et puis est venu le temps de retrouver la joie de faire des pâtes maison, comme au temps de mon enfance, voire lever la pâte à pizza, se demander ce qu’on va y mettre, la voir cuire, s’assurer de la sortir au BON moment, pas trop sèche, pas trop molle…

Il y a donc quelques semaines, alors que l’orage commençait déjà à gronder au loin, j’avais commencé à vous écrire, pour vous parler de la suite, de ces projets qui prenaient forme, de cette vie qui pulsait malgré et avec tout, de ce silence si cher à mon coeur qui revenait, plus insistant et plus puissant que jamais… Et puis Bam!! Les portes qui claquent, les souvenirs, la douleur, les morts, les coups de tonnerres qui se multiplient, le temps du repli, du retour à l’intérieur, du retour à cette pleine, que dis-je, TOTALE, ABSOLUE conscience, en chaque geste, en chaque mot. Soigner, écouter, accueillir, réconforter, prendre soin… Plus aucun geste vide, anodin, plus de je vais vite à la poste, je vais vite téléphoner à… pour vite aller faire vite faire autre chose, encore et encore et encore…

Ô que j’aime ce temps, finalement ! Être rappelée à l’ordre par l’invisible. Ô que c’est bon. Et doux. Humilité, respect, ralentissement, silence, absolue attention, en chaque geste ; que j’aime les enseignements de cette aventure virale ; que j’aime sa manière à elle de mettre en évidence nos interdépendances multiples ; nous démontrant de manière si limpide enfin comment le soin de l’un EST le soin de l’autre ; comment guérir l’un équivaut à guérir l’autre…Et comment, au final, il n’y a pas d’autre. Ma fragilité est la tienne. Et ma blessure deviendra tienne si je n’y prends garde, si je n’en prends cure. Ô que j’aime ce temps ! Quelle traversée intérieure ! Quelle confrontation avec le réel, avec notre intime ! Quel révélateur de nos masques et de nos illusions ! Quel dépouillement !

Sur mon chemin, c’est dans cet espace « vide » de « moi » qu’ont commencé à renaître des élans de vie, que le vivant a recommencé à toquer à la porte du coeur pour dire, laisse-moi sortir, laisse-moi sortir…. Je ne sais ce qu’il va advenir de nous ici, dans cet Occident jusqu’ici tant miraculeusement préservé des drames et de la misère. Je ne sais ce que sera l’après. Qui le sait ?

A la joie de vous accueillir, de pouvoir vous accompagner d’une manière ou d’une autre dans cette traversée, et de contribuer ainsi à rendre notre voyage à tous au moins un peu plus léger, libérateur et riche de sens.

Prenons soin !

Et bonne traversée à nous !

Anna-Maria


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